Rétributions immatérielles : comment valoriser votre culture d’entreprise dans un BSI ?

Rétributions immatérielles et culture d'entreprise

Alors que la guerre des talents s’intensifie, les entreprises cherchent à se différencier autrement que par le seul levier salarial. Si la rémunération reste incontournable, elle ne suffit plus à fidéliser durablement les collaborateurs ni à entretenir leur motivation. D’où l’essor de la notion de « rétributions immatérielles » : un ensemble d’éléments intangibles mais cruciaux dans l’expérience de travail. Reste à répondre à une question clé : comment les valoriser concrètement ? Et si le Bilan Social Individuel (BSI) était le bon outil pour les rendre visibles ?

Dans un contexte où les attentes des salariés se transforment en profondeur, la question de la reconnaissance au travail dépasse désormais largement la seule dimension salariale. Si le salaire reste fondamental, il ne suffit plus à lui seul à nourrir l’engagement. Ni à retenir les talents ou à faire la différence dans une promesse employeur. Ce qui compte de plus en plus, ce sont les rétributions dites immatérielles : reconnaissance, qualité managériale, autonomie, perspectives d’évolution, flexibilité… Ces dimensions, pourtant difficiles à chiffrer, méritent d’être mieux valorisées. Et si le Bilan Social Individuel (BSI) devenait l’outil privilégié pour rendre visible ce qui ne se voit pas sur la fiche de paie ?

Ce que recouvrent les rétributions immatérielles

Les rétributions immatérielles désignent l’ensemble des bénéfices non monétaires que les collaborateurs retirent de leur expérience de travail.  On parle de : 

  • organisation du travail (liberté, flexibilité),
  • relations humaines (qualité du management, ambiance), 
  • perspectives de développement (accompagnement, formation, autonomie)
  • ou encore les dimensions plus symboliques (sens du travail, reconnaissance, sentiment d’utilité).

Contrairement aux éléments traditionnels de rémunération, les rétributions dites invisibles ne sont pas contractualisées, mais elles façonnent fortement la qualité de la relation employeur-employé.

Pourquoi elles deviennent incontournables

L’intérêt croissant pour ces rétributions immatérielles s’explique par plusieurs dynamiques. 

L’évolution du rapport au travail 

La dernière étude Gallup (2025) met en garde : seuls 8 % des salariés français sont engagés, et 38 % se déclarent stressés. Les salariés expriment aujourd’hui des attentes accrues en matière de reconnaissance, d’équilibre, d’autonomie ou de sens, selon l’enquête conjointe de Great Place To Work France et UKG – Great Insights 2024. Deux priorités ressortent nettement : la santé mentale et la flexibilité. Ces enjeux traduisent des attentes fortes face à un contexte économique et social incertain, où la recherche de sens, de bien-être et d’adaptabilité devient essentielle. En filigrane, il apparaît que les conditions matérielles ne conditionnent plus la fidélité, mais la qualité de l’expérience vécue. 

L’enjeux de fidélisation et de différenciation 

Les entreprises prennent aussi conscience que les leviers de différenciation et de fidélisation durables résident désormais dans l’implicite, en lien avec la culture d’entreprise. Le management en est l’une des expressions phares : selon la 3ᵉ édition du Baromètre des Soft Skills menée par LégiSocial et TodoSkills, les qualités comme l’écoute active, le respect, la responsabilité ou encore l’acceptation du feedback sont au cœur des attentes.

Le manager idéal est perçu comme un pilier humain : capable d’écouter avec attention (92 %), de respecter les individualités (+9,8 % en un an) et d’assumer ses décisions (78,5 %). Cette évolution témoigne d’un besoin de relations plus équilibrées, d’une communication sincère et d’un engagement incarné — autrement dit, d’un leadership fondé sur la confiance et la qualité du lien.

BSI digitalisé : 5 axes pour mettre en avant les rétributions immatérielles

Pour rappel, le Bilan Social Individuel est un document annuel qui vise à synthétiser de manière personnalisée les éléments de rémunération perçus par un salarié : rémunération fixe et variable, épargne salariale, avantages sociaux, dispositifs collectifs. Il est conçu comme un outil de transparence et de reconnaissance financière.

Mais dans sa version classique, le BSI ne reflète qu’une partie de la contribution de l’entreprise à l’expérience collaborateur. C’est pourquoi il mérite d’évoluer vers une version enrichie, plus complète et incarnée, capable d’intégrer les rétributions immatérielles. Voici comment :

1. Repenser le périmètre du BSI

Il s’agit d’élargir le champ du BSI pour qu’il ne se limite plus à l’aspect comptable de la rémunération. En intégrant des éléments relatifs à la reconnaissance, à l’accompagnement, à la flexibilité ou à la participation à la vie de l’entreprise, le BSI devient un outil plus fidèle à la réalité du travail vécu. Cette évolution suppose un repositionnement : de synthèse financière, il devient représentation de la valeur globale du lien salarié-entreprise.

2. Identifier les dimensions immatérielles pertinentes

Il convient de définir les bons axes à mettre en avant, en cohérence avec la culture d’entreprise et les attentes des collaborateurs. La démarche peut s’appuyer sur :

  • des enquêtes internes (baromètres, diagnostics QVCT)
  • des ateliers avec des représentants du personnel
  • des échanges avec les managers et RH de terrain

L’objectif est de sélectionner quelques dimensions clés : qualité du management, possibilités de formation, équilibre vie pro/vie perso, participation à des projets transverses, etc. Ces dimensions peuvent ensuite être traduites dans le BSI à travers des indicateurs, des rubriques spécifiques ou des messages personnalisés.

3. S’appuyer sur les capacités du digital

Un BSI digitalisé offre bien plus de possibilités qu’un document statique envoyé par mail. Il permet de proposer une expérience de lecture dynamique, personnalisée, interactive, qui facilite la compréhension et la valorisation des informations immatérielles.

Plusieurs leviers peuvent être mobilisés :

  • Une visualisation claire des différentes dimensions de la rémunération globale : monétaire, sociale, immatérielle
  • Une narration synthétique de l’année vécue par le collaborateur : moments-clés, rencontres…
  • Une individualisation du contenu, en fonction du profil, du métier ou de la trajectoire du collaborateur

4. Valoriser les éléments qualitatifs sans les “sur-mesurer”

Certaines rétributions immatérielles ne peuvent pas être objectivées par des chiffres. C’est le cas de la reconnaissance managériale, du climat d’équipe, de la confiance perçue, du sentiment de sens. Pour autant, elles peuvent être évoquées et valorisées autrement. Un BSI peut ainsi intégrer des formulations qualitatives, des messages personnalisés, ou des extraits de feedback issus d’enquêtes internes. Ces éléments participent à la reconnaissance, même s’ils ne sont pas chiffrables. Ce qui importe ici, c’est moins la mesure que la visibilisation. Faire exister ces dimensions dans le BSI, c’est leur accorder une légitimité et reconnaître leur place dans l’expérience de travail.

5. Inscrire cette démarche dans la stratégie RH globale

Intégrer les rétributions immatérielles dans un BSI ne peut être un geste isolé. Cette évolution doit s’inscrire dans une vision cohérente de la politique RH. À savoir, reconnaissance, QVCT, management de proximité, développement des compétences, dialogue social…

Le BSI devient alors le reflet d’une promesse employeur plus large, dans laquelle le salarié se reconnaît. Il peut aussi alimenter le dialogue entre manager et collaborateur, en ouvrant la voie à des échanges sur les réussites, les besoins ou les perspectives.

BSI : un outil de reconnaissance élargie ? 

À l’heure où l’on parle de plus en plus de fidélisation non monétaire, de réengagement, ou de quête de sens, élargir le BSI pour y intégrer les rétributions immatérielles constitue une démarche à fort potentiel. Cela permet non seulement de donner à voir ce qui compte vraiment pour les collaborateurs, mais aussi de réaffirmer ce que l’entreprise offre, soutient et valorise. Un BSI enrichi n’est pas un outil de communication : c’est un outil de reconnaissance, qui participe à une culture du respect, de l’écoute et du lien. Il permet de dire, en substance : « Ce que vous apportez ne se limite pas à des chiffres. Ce que nous vous offrons non plus. »

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Laure Girardot

Laure GIRARDOT

Journaliste RH | Rédaction et création de contenus RH, travail, emploi et RSE pour décrypter l'actualité et les enjeux dans ces domaines.

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